Trente-six sangliers sont retrouvés morts dans l’estuaire du Gouessant à Hillion. La FNSEA organise un match de foot sur la plage de Morieux pour montrer l’absence de risques. Les écologistes sont visés comme étant responsables de suicides d’agriculteurs.
Après des années de recherche, de rencontres et de lecture de rapports, Inès Léraud, journaliste et documentariste et Pierre van Hove, dessinateur, publient une bande dessinée sur un scandale écologique toujours en cours : des algues vertes amassées sur les côtes bretonnes dégageant un gaz toxique. Le récit commence par la mort d’un cheval et l’évanouissement de son cavalier. Pierre Philippe, médecin urgentiste, fait un rapprochement entre plusieurs cas de décès (trois hommes et au moins quarante animaux) et la toxicité des algues vertes. Il alerte les autorités sanitaires, sans succès. Puis on revient aux origines du phénomène : l’agriculture intensive qui pollue les eaux mais rapporte beaucoup d’argent, non aux agriculteurs lésés, mais aux grands groupes industriels, lobbyistes et politiques. Et on comprend pourquoi ça n’avance pas.

Les auteurs croisent le temps de l’enquête et la chronologie des faits. Le récit n’est donc pas linéaire mais permet d’épouser plusieurs points de vue et d’accrocher le lecteur qui s’interroge. La lecture est dense (les analyses scientifiques et l’enchevêtrement des intérêts politiques, touristiques et économiques ne sont pas toujours aisés à comprendre) mais les protagonistes sont bien présentés, souvent avec une pointe d’humour, et la fiction est accompagnée d’un dossier contenant la chronologie des faits et des documents importants. Les illustrations de Pierre van Hove accompagnent le récit dans de belles nuances de vert. Une belle lecture qui fait réfléchir !
Inès Léraud et Pierre van Hove. Algues vertes : l’histoire interdite. 2020