Premières lignes #90

Me Susan, avocate bordelaise, reçoit dans son cabinet Gilles Principaux, un homme qu’elle semble reconnaître : serait-il ce jeune homme rencontré plus de trente auparavant et qui aurait fait basculer sa vie ? Mais Principaux ne semble pas reconnaître l’avocate et lui demande de défendre sa femme, autrice d’un crime indicible.

La vengeance m’appartient joue avec la mémoire et les souvenirs. Tous les personnages semblent liés les uns aux autres depuis la femme de ménage de Me Susan jusqu’à ses parents en passant par son ex-compagnon et la famille Principaux. Les limites de la fiction et de la réalité son floues. Comment souvent chez Marie N’Diaye, le lecteur a l’impression d’évoluer dans une dimension parallèle pourtant très proche du réel et quitte sa lecture avec un sentiment d’étrangeté.

L’homme qui, le 5 janvier 2019, entra timidement, presque craintivement dans son cabinet, Me Susane sut aussitôt qu’elle l’avait déjà rencontré, longtemps auparavant et dans un lieu dont le souvenir lui revint si précisément, si brutalement qu’elle eut l’impression d’un coup violent porté à son front. Sa tête bascula légèrement en arrière, de sorte qu’elle ne put répondre tout de suit au bonjour, un murmure embarrassé, de son visiteur et qu’une gêne dura entre eux même après que Me Susane se fut ressaisie, l’eut salué aimablement, souriante, cordiale, rassurante comme elle se faisait un point d’honneur de l’être d’emblée envers quiconque venait la voir au cabinet.

Marie N’Diaye. La vengeance m’appartient. 2021

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Premières lignes #89

Clarisse Rivière prend la parole la première pour raconter sa vie modeste et ses rapports difficiles avec sa mère. Puis c’est au tour de Ladivine, la fille de Clarisse-Malinka de s’exprimer pour raconter des épisodes de sa jeunesse, sa rencontre avec son mari et la naissance de ses enfants. Ladivine Sylla, la mère de Clarisse intervient à quelques reprises. Ces trois femmes, de trois générations différentes ont chacune des parts d’ombre et des secrets qui donnent des airs mélancoliques et mystérieux au récit.

Elle redevenait Malinka à peine montée dans le train et ce ne lui était ni un plaisir ni un désagrément puisqu’elle avait cessé depuis longtemps de s’en rendre compte. Mais elle le savait car elle ne pouvait plus répondre spontanément au prénom de Clarisse lorsqu’il arrivait, c’était rare, qu’une personne de connaissance ait pris le même train, la hèle ou la salue par son prénom de Clarisse et la trouve déconcertée, stupide et vaguement souriante, créant une situation de gêne réciproque dont Clarisse, un peu hébétée, ne pensait pas à les sortir en rendant simplement, avec un semblant de naturel, le bonjour, le comment ça va. C’était à cela, à sa propre incapacité de répondre au prénom de Clarisse, qu’elle avait compris qu’elle était Malinka dès qu’elle montait dans le train de Bordeaux.

Marie Ndiaye. Ladivine. 2013

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Premières lignes #88

Dans son premier roman, Miguel Bonnefoy emmène son lecteur au Venezuela. On suit le parcours d’Octavio, un héros atypique qui souffre d’analphabétisme, depuis son bidonville natal jusqu’à son errance au cœur de ce pays qu’il apprend à aimer et à comprendre.

Vénézuela. Picacho de Galipan. La Guaira.

Dans le port de La Guaira, le 20 août 1908, un bateau en provenance de La Trinidad jeta l’ancre sur les côtes vénézuéliennes sans soupçonner qu’il y jetait aussi une peste qui devait mettre un demi-siècle à quitter le pays. Les premiers cas se présentèrent sur le littoral, parmi les vendeurs de pagres et les marchands de cochenille. Puis suivirent les mendiants et les marins qui, aux portes des églises comme aux portes des tavernes, éloignaient à force de prières les misères et les naufrages. Après une semaine, le pavillon de quarantaine fut hissé et on décréta qu’il s’agissait d’une épidémie nationale.

Miguel Bonnefoy. Le voyage d’Octavio. 2015

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Premières lignes #87

La narratrice raconte l’histoire de sa grand-mère : une fascinante Sarde à la vie simple mais à l’esprit en fusion. L’héroïne grandit dans une famille modeste, trime aux champs mais rêve d’amour et de sensualité. Souffrant de crises qui la font passer pour folle et de « ce mal mystérieux qui éloigne l’amour », la jeune femme n’épouse que tardivement le grand-père de la narratrice. Le roman s’articule autour d’un épisode marquant : la rencontre sur le Continent, lors d’une cure, avec celui que l’on appelle « le Rescapé ». Cet homme révèle l’héroïne à elle-même.

Mal de pierre est un roman mélancolique qui plonge le lecteur dans la Sardaigne de l’après Seconde guerre mondiale. La lecture est fluide et on s’attache à cette personnalité triste et émouvante qui a le sentiment d’avoir manqué sa vie.

Louis Garrel et Marion Cotillard Dans Mal de pierres de Nicole Garcia (2016)

Grand-mère connut le Rescapé à l’automne 1950. C’était la première fois qu’elle quittait Cagliari pour aller sur le Continent. Elle approchait des quarante ans sans enfants, car son mali de is perdas, le mal de pierre, avait interrompu toutes ses grossesses. On l’avait donc envoyée en cure thermale, dans son manteau droit et ses bottines à lacets, munie de la valise avec laquelle son mari, fuyant les bombardements, était arrivé dans leur village.

Milena Agus. Mal de pierre. 2006

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Premières lignes #86

Julie Légère, Elsa Whyte et Laura Pérez nous invitent à une « initiation à notre histoire et nos savoirs ». Utilisant la première personne du pluriel, elles s’adressent à nous, leurs sœurs, et dressent l’histoire de la sorcellerie depuis les sorcières des religions antiques jusqu’aux sorcières modernes telles Hermione Granger et Willow Rosenberg, en passant par les terribles chasses aux sorcières du Moyen-Age.

Secrets de sorcières est un bel album, pratique et théorique, mêlant réalité et fiction, qui rend hommage aux femmes. Il crée des liens entre la magie et la terre, la lutte féministe et la protection de l’environnement dans une belle harmonie et sous l’œil bienveillant de l’astre lunaire.

Le récit poétique d’une réhabilitation et d’une réconciliation à la fois douce et militante.

Chère sœur, si ce livre est en ta possession, cela signifie qu’il est temps pour toi de commencer ton apprentissage. Tu as dû percevoir une partie de tes pouvoirs ; ce manuel t’apprendra à les développer et à les canaliser. Mais sans savoir, le pouvoir est bien peu de chose. Ces pages t’expliqueront tout ce que tu dois connaître sur nous, tes sœurs, et sur celles qui nous ont précédées.

A l’image de l’histoire, les contes ont rarement été tendres avec nous. Aux bonnes fées, la magie blanche, protectrice et bienveillante ; aux sorcières, la magie noire et maléfique. Au-delà de ses pouvoirs, la sorcière se définit surtout par sa soif de faire le mal… Dans l’imaginaire collectif, nous avons presque toujours l’apparence d’une vieille femme repoussante au nez crochu et au chapeau pointu, qui concocte de terribles potions dans son chaudron et jette de vilains sorts, souvent pour nuire à une belle jeune femme qu’elle jalouse. Les nuits de pleine lune, elle enfourche son balai pour retrouver ses consœurs et adorer le diable lors d’odieux sabbats.

On dit de nous que nous vivons en marge de la communauté, le plus souvent isolées dans la forêt. Et si nous pouvons parfois être jeunes et belles, c’est par le biais d’un sortilège, pour mieux tromper et faire souffrir. Mais le temps est venu de rétablir la vérité et notre nom tant moqué. Es-tu prête à découvrir notre histoire ?

Julie Légère, Elsa Whyte et Laura Pérez. Secrets de sorcières. 2019

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Premières lignes #85

Rosalie vit à Paris avec son père, peintre, et ses deux jeunes frères Auguste et Isidore. Très tôt, la jeune fille développe un goût et un talent pour la peinture. Mais au début du dix-neuvième siècle, les cours des Beaux-Arts ne sont pas accessibles aux femmes. Rosalie, déterminée, fait tout pour être renvoyée des cours de couture et autres pensions et finit par obtenir ce qu’elle veut : devenir l’apprentie de son père. Accompagnée de sa fidèle amie Nathalie, Rosa apprend les techniques de peinture classique. Elle se perfectionne dans l’art animalier bien que son père ait tenté, sans succès, de l’orienter vers la peinture d’Histoire, considérée comme la plus noble. Bientôt les portes des Salons s’ouvrent à la jeune femme.

Anna Klumpke. Portrait de Rosa Bonheur. 1898. New York. Metropolitan museum of Art. (Domaine public)

Il est des matins ternes qui, sans prévenir, changent le cours d’une vie. Pour Rosa Bonheur, ce matin-là tomba un lundi. On était en 1837. – Pff. Quelle horrible journée ! Découragée par ce qui l’attendait, Rosa trempait son pain dans son café au lait. Misère ! Pourquoi ? Déjà, elle se sentait lasse. Coude sur la table, elle avait posé sa tête dans sa main. Elle mordit dans sa tartine, et poussa un profond soupir. Elle mâchait lentement, avec un soin exagéré, comme si cela avait pu retardé son départ. D’ici peu, il lui faudrait sortir de son immeuble. Elle emprunterait une enfilade de ruelles, allant à petits pas pressés, parfois elle interromprait sa route pour aller caresser un cheval – dans Paris, on en trouvait à tous les coins de rue, ils tractaient les fiacres et les omnibus -, ou bien elle irait s’occuper d’un chien errant, ou trotter derrière un chat de gouttière en l’appelant à douce voix. Tout plutôt que d’arriver en avance à son cours de couture.

Natacha Henry. Rosa Bonheur : l’audacieuse. 2020

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Premières lignes #84

Entre meurtres sordides et histoires de famille, Joyce Carol Oates clôt sa trilogie gothique par Les Mystères de Winterthurn. Ce roman est divisé en trois parties, trois enquêtes que le détective Xavier Kilgarvan va tenter de résoudre au cours de trois moments différents de sa vie. C’est d’abord un bébé que l’on retrouve égorgé, douze ans plus tard, ce sont cinq jeunes filles et encore douze ans plus tard, le pasteur, sa mère et une de ses paroissiennes. Xavier Kilgarvan, souvent seul contre tous, se bat pour la vérité, au risque d’y perdre sa santé. Il se retrouve confronté aux grandes familles aristocratiques de Winterthurn qui font tout pour étouffer les scandales et préserver leur réputation. Guidé par son sens de la justice, Xavier n’hésite pas à dévoiler au grand jour la perversion des grands de ce monde.

A l’aube d’une matinée particulièrement froide pour un mois de mai – d’énormes flocons de neige mouillée voltigeaient comme des fleurs -, la fille aînée du juge défunt, Mlle Georgina Kilgarvan, apparut suivie sz Pride, son domestique noir, et alla tirer la sonnette d’un marchand nommé Phineas Cutter (de Cutter Brothers Mills, route de la vallée de la Tempérance) auquel elle prtésenta une requête fort singulière. Pauvre Phineas !… Brutalement tiré de son sommeil, sourd de l’oreille droite, il se demanda si cette forme drapée de noir était la fille du juge ou un fantôme surgi de ses cauchemars : se pouvait-il que Mlle Georgina du manoir de Glen Mawr, habillée de ses lourds vêtements de deuil, discrètement voilée comme à l’accoutumée, fût venue à pied pour lui acheter… cinquante livres de chaux vive !

Joyce Carol Oates. Les Mystères de Winterthurn. 1984

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Premières lignes #83

Entre neige et loup est un joli récit poétique qui se situe entre l’aventure et la légende. Lila vit sur une île de l’archipel japonaise éternellement enneigée. Le jour où elle croit son père disparu dans la tempête, elle quitte la maison et part à sa recherche. C’est le début d’une quête, escortée par deux petites grenouilles, un chat et bientôt un magnifique loup blanc très protecteur, à la recherche de son père mais aussi de ses origines. Dans la forêt magique, la jeune fille rencontre des démons et un jizô, ce petit esprit de la forêt, qui ne s’exprime qu’en rimes ou qu’en haikus. Lila apprendra très vite qui est sa mère et pourquoi l’île est constamment enneigée.

C’est un parcours initiatique mais aussi un voyage à travers les légendes et les traditions d’un Japon lointain. La neige permet de douces nuances de couleurs et bientôt l’île se découvre chaleureuse et merveilleuse.

Agnès Domergue et Hélène Canac. Entre neige et loup. 2019

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Premières lignes #82

Pénélope Bagieu, autrice des Culottées, adapte le célèbre récit de Roald Dahl. Sous son crayon, les sorcières sont une armée aussi ridicule qu’effrayante dirigée par une magnanissime terrifiante et perverse. C’est bien connu, les sorcières détestent les enfants, ces êtres répugnants, bruyants et puants et il est temps de s’en débarrasser définitivement. C’est compter sans un jeune garçon qui s’y connaît en sorcières et qui, caché derrière un paravent de la salle des congrès, a tout entendu du plan diabolique… Bagieu a su mettre en dessin l’humour du conte noir de Roal Dahl tout en conservant son style personnel.

Pénélope Bagieu d’après Roal Dahl. Sacrées sorcières. 2020

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Premières lignes #81

Pour la première fois de ma vie, je suis si émerveillée d’une BD jeunesse que j’ai attendu la suite avec beaucoup d’impatience. Léa Mazé sait manier le suspense et l’humour dans cette « enquête au cimetière ». C’est rare que les enfants de croquemorts soient des personnages principaux et l’autrice en fait des héros malins et courageux qui mènent leur enquête coûte que coûte. Dans ce troisième tome, l’intrigue se dénoue au péril de la vie des deux enfants.

Les planches, d’une grande qualité picturale, posent un décor sombre et inquiétant et rendent d’autant plus effrayants des personnages sans scrupule. Le milieu du cimetière, lieu commun de la littérature de l’effroi, n’a pas fini d’inspirer les auteurs et les enfants à l’imagination débordante.

Léa Mazé. Les Croques. 3, Bouquet final. 2020

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