Arturo vit avec son père sur l’île de Procida, face à Naples, dans le Palazzo di Guaglioni qui porte ce surnom (« palais des jeunes hommes ») car son ancien propriétaire l’Amalfitain n’appréciait guère la gente féminine. Le récit se déroule entre les quatorze et les seize ans d’Arturo, période complexe au cours de laquelle le jeune héros est amené à remettre en cause ses certitudes.
Arturo grandit seul sur une île qui a gardé son aspect sauvage et sur laquelle le temps ne semble pas avoir de prise. Le jeune garçon se cultive et apprend l’Histoire à travers les livres. Ses journées sont ponctuées par les repas, les allées et venues des bateaux qui font la liaison avec le continent, les balades en barque et les déambulations dans la ville. Arturo voit peu son père, souvent absent, mais cela ne l’empêche pas, bien au contraire, de développer une profonde estime et une admiration certaine à son égard. Quant à la mère, morte en couches, Arturo aime à se la représenter. La vie du jeune Procidain paraît simple, presque monotone, mais son esprit traverse une période charnière. Le roman se situe juste avant sa période d’apprentissage. Grâce à la première personne du singulier, Elsa Morante fait voir au lecteur cette période intense qui précède et conduit au début de la pérégrination initiatique du héros.
Arturo épouse les idées de son père, se félicite de sa virilité naissante, développe la misogynie propre aux hommes qui fréquentent la maison des Guaglioni et maltraite Nunzia, sa jeune belle-mère. Les certitudes hautaines et les pensées haineuses envers les femmes rendent, dans un premier temps, le jeune homme peu sympathique. Mais Elsa Morante a su montrer les failles des personnages, odieux et sûrs d’eux d’un côté, faibles et sensibles de l’autre. Wilhelm, Arturo et même Nunzia souffrent en secret d’une frustration sentimentale, d’un manque d’amour : Wilhelm fuit constamment son île, il manque une mère à Arturo et Nunzia reporte sur son fils Carmine l’amour qu’elle ne peut donner à son mari.
Les bruits du vent et des vagues se mêlaient, et ce chœur naturel, d’où était absente toute voix humaine, discutait certainement de mon destin, dans un langage aussi incompréhensible que la mort.
Elsa Morante décrit un paysage, pose une atmosphère et analyse, dans une vie calme, bercée par les vagues, la tempête des sentiments qui agite l’esprit de ses personnages. Le temps semble cyclique mais les émotions et les frustrations, elles, sont de plus en plus vives. Le lecteur finit par s’émouvoir de ces personnages, peu attachants au premier abord, mais pétris de souffrances secrètes. L’Ile d’Arturo est un roman douloureux qui offre tout de même une porte de sortie au jeune héros.
Elsa Morante. L’Ile d’Arturo. 1957
Roman lu dans le cadre du club Lecture de la Duchesse
Cette lecture me permet de participer au défi de Blandine et Nathalie « Cette année, je (re)lis des classiques » (édition 2020).
Il n’a pas l’air très gai ce roman… A un autre moment peut-être. J’ai envie de choses un peu plus « légères » ou positives en ce moment ! Voilà, mon billet du challenge classiques est à jour, j’ai enfin ajouté tes dernières lectures ! Merci pour ces participations.
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Merci beaucoup ! Oui effectivement pas très gai mais il y a quand même une belle lumière d’espoir pour Arturo qui commence son apprentissage et de belles descriptions de l’île. Bonnes lectures !
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J’aime les récits initiatiques, et l’Italie! Je pense pouvoir apprécier ce roman.
Merci pour tes lectures et leur partage!
Le challenge reprend du service en 2021 (avec davantage de présence de notre part) si cela te dit!
Je te souhaite une belle année 2021!
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Les personnages sont parfois agaçants mais c’est agréable de les voir évoluer. Et le cadre est magnifique. Je serais ravie de participer à nouveau au défi. Je vais réfléchir à mes lectures. Merci et bonne année à toi et ta famille !
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Merci!
Voici la présentation du challenge 😉 http://vivrelivre19.over-blog.com/2021/01/2021-cette-annee-sera-classique.html
Bonne fin de soirée et bon début de semaine à toi!
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