Ivan à son frère Aliocha :
Plus bête c’est, plus c’est proche du concret. Plus c’est bête, plus c’est clair. La bêtise, elle est courte, elle est naïve, alors que la raison fait des méandres et se camoufle. La raison, c’est une crapule, alors que la bêtise est franche et honnête.
Ivan à son frère Aliocha :
En fait, quand on parle parfois de la cruauté « bestiale » de l’homme, c’est une injustice terrible et blessante pour les animaux ; un animal ne pourra jamais être aussi cruel qu’un homme, cruel avec un tel sens artistique, un tel art. Le tigre dévore, déchiquette, tout simplement, il ne sait rien faire d’autre. Il ne lui viendra jamais à l’idée, à lui, de clouer les gens avec des clous par les oreilles pour la nuit, quand bien même il aurait la possibilité de le faire.

Le starets Zossima à ses disciples :
Souviens-toi surtout que tu ne peux être le juge de personne. Car nul juge ne peut juger le criminel avant que ce juge lui-même ne se rende compte qu’il est lui-même un criminel exactement semblable à celui qui se tient devant lui, il est peut-être bien le premier coupable. Quand il s’en sera rendu compte, alors il pourra être juge.
Fédor Dostoïevski. Les frères Karamazov. Tome I. Traduit du russe par André Markowicz.